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Chrome est mort, mais Google ne le sait pas encore
Une nouvelle génération de navigateurs propulsés par l’IA menace la position hégémonique de Chrome. Ce que vous êtes sur le point de lire n’est pas une tendance : c’est un basculement.
Temps de lecture: 10 minutes
Salut à tous 👋
Aujourd’hui, on teste un nouveau format. Brut. Direct. Et on compte sur vous pour nous dire si on garde cette direction.
Pendant que tout le monde parle d’IA, le web, lui, change en silence. Mais c’est un tremblement de terre discret.
Spoiler : votre navigateur n’est plus celui que vous croyez.
Il y a encore quelques mois, le navigateur web — cette application qu'on ouvre machinalement chaque matin — semblait figé dans le temps.
Chrome dominait (65% de part de marché), suivi par Safari et Edge, dans un paysage globalement inchangé depuis une décennie. Et puis, l'IA est entrée dans la danse.

Source: Yaguara.co
En quelques semaines, une vague de nouveaux navigateurs dopés à l'intelligence artificielle s'est abattue sur le web. D'abord, Perplexity a levé le voile sur "Comet", son interface où l'on navigue en posant des questions, où l'IA se souvient de vos sessions précédentes et peut répondre en contexte. "Nous construisons le futur du navigateur, pas juste une interface IA", résume Aravind Srinivas, CEO de Perplexity. The Browser Company a répondu avec "Dia", un nouveau navigateur construit pour mettre l'IA au cœur de l'écran, littéralement.
Et surtout, OpenAI s'apprête à frapper fort. Selon Reuters (9 juillet 2025), la startup de Sam Altman travaille activement sur un navigateur maison, construit sur Chromium et conçu pour concurrencer directement Google Chrome. Ce browser intégrera nativement ChatGPT, un moteur de recherche propriétaire, et un agent autonome baptisé Operator. Objectif : offrir une expérience IA-first où l'utilisateur n'a plus besoin de chercher, cliquer ou lire pour comprendre. L'interface pourra remplir automatiquement des formulaires, comparer des produits ou résumer des pages en un clic. « Les interfaces web n'ont pas changé depuis 20 ans. L'IA est une chance de tout repenser », affirme Sam Altman.
Face à cette vague, l'attente était grande : comment Google allait-il réagir ? Car si Chrome représente encore le standard mondial, il reste un outil de navigation relativement passif. Sundar Pichai, CEO de Google, a récemment reconnu que l'expérience de recherche allait « fondamentalement changer ». Lors de la dernière Google I/O, l'entreprise a présenté une version de Chrome où l'on peut poser des questions directement sur des pages web, voire générer des résumés automatiques. Des fonctions inspirées de ChatGPT ou Perplexity, mais intégrées nativement dans leur écosystème.
C'est donc une posture de réaction contrôlée : Google teste, ajuste, mais ne veut pas brutaliser l'équilibre économique de son moteur de recherche, encore ultra-dominant. Sa marge d’erreur est faible. Trop d'automatisation dans Chrome, et c'est tout le modèle publicitaire de Google Search qui vacille. Trop peu, et les utilisateurs partiront voir ailleurs.
Mais au-delà du combat des Titans, ce qui se dessine, c'est une mutation profonde de notre rapport à l'information. Jusqu'ici, on "cherchait" sur le web. Demain, on parlera à son navigateur. On lui demandera de comparer, de résumer, de surveiller. On n'ouvrira plus 15 onglets, on consultera une synthèse. On ne scannera plus des sites, on naviguera par intention.
Pour les utilisateurs, c'est une promesse de gain de temps, de clarté, d'accessibilité. Pour les créateurs de contenu et les sites web, c'est un changement de paradigme. Si le navigateur devient le filtre, c'est lui qui captera la valeur. Les contenus devront être lisibles par l'IA, pensés pour être résumés, interprétés, cités. Le SEO tel qu'on le connaît pourrait ne plus suffire.
Ce mouvement n'en est qu'à ses débuts. Mais il est rapide : la valorisation de Perplexity vient de dépasser 1 milliard de dollars. Le mot "agentique" s’impose dans les roadmaps produits. Selon SimilarWeb, les navigateurs IA représentent déjà 0,7% du trafic mondial sur desktop (juin 2025). Et des milliers d'utilisateurs basculent chaque semaine vers ces navigateurs augmentés, souvent sans même s’en rendre compte, via des extensions, des apps ou des widgets mobiles.
Les grands absents ?
Meta n'a pas (encore) annoncé de navigateur IA, mais pousse ses propres assistants dans WhatsApp, Messenger ou Instagram. Ces micro-navigateurs contextuels pourraient bien devenir une alternative fragmentée au web traditionnel. Mark Zuckerberg, de son côté, parie sur LLaMA et l'open-source, peut-être pour mieux laisser les développeurs construire leur propre interface sur mesure.
Amazon, silencieux jusqu'ici, dispose pourtant de toutes les briques : Alexa, ses devices, ses modèles d'IA maison, et... un besoin criant de reprendre le contrôle sur l’accès à ses pages produit, aujourd’hui dépendantes de Google.
Une chance pour l'Europe ?
Ce bouleversement laisse entrevoir une opportunité historique. Jusqu'ici absente des grandes plateformes web, l'Europe pourrait trouver sa place si un acteur comme Mistral, avec ses modèles open-weight et européens, choisissait de s'associer à un projet de navigateur. Un browser européen, sobre en données, multilingue, ancré dans des valeurs de souveraineté et de transparence, pourrait capter une audience aujourd'hui méfiante envers les GAFA. Il manque une interface. La fenêtre est ouverte.
C'est peut-être l'une des grandes batailles technologiques de la prochaine décennie. Et elle ne se jouera pas sur le moteur de recherche, mais sur ce qui le remplace : un navigateur qui comprend ce que vous voulez faire avant même que vous ne sachiez comment le formuler.
A la semaine prochaine et bonne fin de weekend à tous.
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