200M$ pour tuer le code ?

Lovable lève 200M$ pour démocratiser la création logicielle. Voici pourquoi c’est une vraie rupture pour le monde et pour l'Europe.

Il y a des annonces qui passent sous les radars. Et puis il y a celles qui marquent un tournant.

Lovable, une startup basée à Stockholm, vient d’annoncer une levée de fonds de 200 millions de dollars, menée par Accel, portant sa valorisation à près de 2 milliards. Moins de deux ans après sa création, avec une équipe restée volontairement petite. Si cette levée fait autant parler, c’est parce qu’elle incarne bien plus qu’une réussite financière : elle capture un changement profond dans la manière dont on conçoit, construit, et accède à la technologie. Un changement qu’on appelle le vibe coding.

L’expression peut sembler floue au premier abord. Mais elle reflète un mouvement bien réel. Pendant des décennies, coder signifiait maîtriser un langage, des outils, une syntaxe. C’était une compétence réservée à une minorité formée, souvent éloignée du produit final. Le vibe coding inverse cette logique. Plus besoin de maîtriser les lignes : on exprime une intention, une idée, un besoin – et c’est l’IA qui traduit tout ça en application fonctionnelle. Une interface, une base de données, une logique métier, générées dans un environnement qui ne ressemble plus du tout aux anciens éditeurs de code, mais à un espace de collaboration fluide, presque intuitif.

« Le vrai problème aujourd’hui, ce n’est plus qui sait coder — c’est qui sait quoi construire. »

Anton Osika, CEO de Lovable

Ce que Lovable a réussi, c’est de transformer cette idée en produit. Un produit que des milliers de personnes utilisent déjà chaque jour, qu’elles aient ou non une formation technique. On y entre comme on ouvrirait une page blanche. On explique ce qu’on veut construire. Et ce que l’on obtient, ce n’est pas un simple prototype, mais une application complète, prête à être lancée. Sans jamais avoir eu à ouvrir un terminal.

Ce changement de paradigme a rencontré un écho immédiat. En quelques mois, Lovable a conquis plus de 30 000 clients payants, généré 75 millions de dollars de revenu annuel récurrent, et vu ses utilisateurs créer plus de 25 000 applications par jour. Le tout sans levées marketing spectaculaires, sans dizaines de développeurs à la manœuvre, mais avec une vision radicale et une exécution produit d’une justesse remarquable.

Et ce qui impressionne encore plus, c’est que tout cela s’est fait depuis l’Europe, depuis Stockholm, loin des hubs traditionnels de la Silicon Valley. Une Europe souvent critiquée pour son manque d’audace technologique, qui prouve ici qu’elle peut non seulement innover, mais le faire à l’échelle mondiale. Lovable n’est pas une exception : c’est un signal. Celui qu’un autre modèle est possible.

Bien sûr, Lovable n’est pas seul. Replit, Cursor, Bolt, Continue.dev, Codeium,… tous cherchent à transformer la manière dont on développe des logiciels. Mais là où la majorité de ces outils s’adressent à des développeurs expérimentés, Lovable fait un pari différent : il vise les créateurs, pas les techniciens. Les entrepreneurs, les designers, les curieux. Celles et ceux qui ont des idées mais pas forcément les moyens de les coder. C’est là que la rupture est la plus forte : plus que de l’automatisation, c’est de la libération créative.

Et c’est là, peut-être, que se joue quelque chose de plus grand. Ce que Lovable propose, ce n’est pas seulement un outil de développement simplifié. C’est une nouvelle porte d’entrée vers la création numérique. Un monde où le fait de ne pas savoir coder n’est plus un obstacle, mais une variable contournée. Un monde où l’accès à la technologie devient aussi fluide que celui à un outil d’écriture ou de design.

Les implications sont immenses. Pour les entreprises, cela signifie une accélération du cycle produit. Pour les indépendants, une réduction drastique du coût d’entrée. Pour les systèmes éducatifs, un besoin de repenser entièrement ce que l’on enseigne. Et pour les métiers du développement eux-mêmes, une redéfinition du rôle : moins d’exécution, plus d’orchestration. Moins de syntaxe, plus de stratégie.

Ce qui me fascine particulièrement dans cette approche, c’est qu’elle rend enfin possible ce que beaucoup attendaient sans le formuler : créer sans coder. J’ai moi-même testé cette logique avec Incroyable.ai : en quelques heures à peine, j’ai pu concevoir un site complet, sans écrire une seule ligne de code. Juste en décrivant ce que je voulais, étape par étape. Pas un simple no-code de plus, mais une vraie rupture dans la façon dont on transforme une idée en produit. C’est, à mes yeux, une disruption technologique majeure — une qui pourrait faire exploser le nombre de logiciels ultra-spécialisés, pensés pour des cas d’usage très ciblés, adaptés à chaque entreprise, chaque métier. Et cette nouvelle vitesse de création, combinée à l’IA, risque de changer beaucoup plus que l’on imagine.

Olivier d’Incroyable.ai

Cette levée de 200 millions ne marque donc pas seulement un cap pour une entreprise. Elle marque le basculement d’une époque. Celle où coder n’était accessible qu’à une minorité, vers une ère où le développement logiciel devient un langage universel, amplifié par l’IA. Une ère où l’Europe peut être en tête, non pas par mimétisme, mais par réinvention.

Lovable a choisi un nom simple, presque naïf. Mais derrière, il y a une idée forte : que la technologie ne doit pas être intimidante, qu’elle peut être belle, intuitive, joyeuse même. Et si ce modèle s’impose, ce qui semble de plus en plus probable, alors la façon dont nous créons des outils, des entreprises, des idées… ne sera plus jamais la même.

Bonne fin de weekend à tous.

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